Dépistage précoce et prévention de l’intimidation à la maternelle
(Traduction/résumé par Richard Gagné de : Early Diagnosis and Prevention of Victimization in Kindergarden. Auteurs : Françoise D. Alasker et Stephan Valkanover,; pp. 175-195; in Peer Harassement in School : the Plight of the Vulnerable and Victimized. ( 2001), Jaana Juvonen et Sandra Graham, éditeurs. Guilford, New-York. )
Parmi tout ce qui s’écrit à propos de l’intimidation dans les écoles, on trouve peu de choses concernant ce phénomène à l’âge préscolaire. Une des raisons est attribuable aux moyens utilisés pour obtenir de l’information valide de la part des enfants. Les procédures habituelles de collecte de données exigent que ceux-ci puissent répondre par écrit à des questionnaires, ce que les enfants de 5 ou 6 ans ne peuvent évidemment pas faire. Il reste donc des moyens imparfaits comme les enquêtes menées auprès des enseignants, l’observation directe des enfants et l’interview de l’enfant.
Les enquêtes auprès des enseignants
Olweus (1993) a bien démontré que les enseignants sont souvent de mauvais juges de l’intimidation entre enfants. D’autres ont aussi écrit qu’ils peuvent ne pas rapporter correctement la réalité de l’intimidation dans leur classe dans la mesure où ils percevraient cela comme une preuve de leur manque d’habileté à aider les enfants. De plus, des enquêtes menées auprès d’enseignants de maternelle ont révélé leur difficulté à admettre que des enfants puissent être foncièrement méchants avec d’autres. À la maternelle, parce qu’il y a moins d’enfants dans les groupes et que les objectifs portent davantage sur la socialisation, le jugement des enseignants pourrait cependant être meilleur. Ces enseignants sont souvent formés spécifiquement pour pouvoir évaluer les rapports sociaux dans leur groupe.
L’observation directe des enfants
L’observation des enfants du préscolaire pose des problèmes particuliers. On sait que l’intimidation se produit surtout dans des situations moins structurées comme celles des jeux libres, des déplacements, dans la cour de récréation. À la maternelle, les enfants se déplacent souvent dans plusieurs lieux ou locaux durant la journée. Ceci rend l’observation plus difficile dans la mesure où cela exige de devoir les suivre constamment et ainsi de les déranger. Placer des caméras vidéos à différents endroits n’est pas toujours facile à organiser. De plus, parce que l’intimidation est un phénomène à faible fréquence de manifestation, cela exige de trop longues périodes d’observation.
L’interview de l’enfant
La technique d’interview de l’enfant de 5 ans pose ses propres problèmes. L’enfant de cet âge a de la difficulté à analyser une situation sociale. Il est souvent envahi par ce qui vient tout juste de se produire et il oublie ce qui est arrivé plus tôt. De toute façon, même pour les adultes, il est difficile de distinguer, parmi les interactions agressives entre les enfants, celles qui relèvent de l’intimidation comme telle.
Malgré ces difficultés à pouvoir colliger adéquatement des informations sur la réalité de l’intimidation au préscolaire, il reste qu’elle se manifeste dans les écoles et a été démontrée dans les recherches qui s’y sont intéressées. Ainsi, il pourrait y avoir entre 10 % et 17 % de victimes à la maternelle et environ autant d’intimidateurs. Des enseignants et des parents ont observé de la victimisation indirecte entre enfants à la maternelle se manifestant par le rejet ou l’isolement d’un enfant par d’autres. Cette forme d’intimidation a été démontrée comme facteur de stress psychologique et de somatisation chez plusieurs victimes.
Le ratio plus faible adulte/enfant, le prestige que les enfants de cet âge accordent à leur enseignant et les objectifs d’apprentissage qui leur sont destinés pourrait favoriser l’implantation efficace de programmes qui visent à contrer l’intimidation chez cette jeune clientèle.