Obésité: des messages dans des pubs alimentairesUn décret et un arrêté imposant des messages sanitaires dans les publicités alimentaires ont été publiés mercredi au JO
Il s'agit d'une des mesures-phares de la loi de santé publique d'août 2004 dont les textes sont "immédiatement applicables", selon des précisions apportées lundi par le ministre de la santé, Xavier Bertrand.
Objectif: sensibiliser le grand public, et surtout les enfants, aux risques pour la santé d'une mauvaise nutrition, et prévenir l'obésité.
Quatre messages ont été retenus pour accompagner les publicités alimentaires: "Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas", "évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé", "pratiquez une activité physique régulière", ou "mangez au moins cinq fruits et légumes par jour".
La mesure concerne télévision, radio, internet, affichage, presse écrite, téléphones mobiles, cinéma, imprimés et prospectus publicitaires ou promotionnels. Selon le ministère de la Santé, les chaînes de télévision se sont par ailleurs engagées à inclure le message sanitaire "sous forme orale et visuelle" dans les jingles d'annonce des plages publicitaires diffusées aux heures d'écoute privilégiée des jeunes enfants.
Les produits visés sont les boissons avec ajouts de sucre, de sel ou d'édulcorant de synthèse et les produits alimentaires manufacturés (produits préparés avec des ajouts ou ayant subi une transformation de leur substance), selon la note explicative du ministère.
Les entreprises qui dérogeraient à la règle devront s'acquitter d'une taxe de 1,5% du montant de leurs investissements publicitaires dont le produit sera reversé à l'Institut national pour la prévention et l'éducation à la santé. Ce qui équivaudrait, si l'ensemble du secteur préférait payer cette taxe, à un montant de 20 millions d'euros, selon l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).
L'Ania a cependant recommandé à ses membres d'opter pour l'insertion des messages sanitaires plutôt que pour la taxe.
La France compte près de 20 millions de gens en "surpoids" dont 5,9 millions d'obèses. Un enfant sur six est aujourd'hui en surpoids (un sur quatre dans les familles les plus défavorisées). Or, surpoids et obésité sont des facteurs importants de risque pour de nombreuses maladies: hypertension, maladies cardiaques, certains diabètes et cancers.
L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a pour sa part jugé lundi que ces messages sanitaires étaient "une véritable galéjade", estimant "nécessaire de protéger les enfants (de la publicité) spécifiquement par des dispositions réglementaires". Selon une étude réalisée par l'association sur un spot télévisé modifié, près de la moitié (48%) des personnes (57% des enfants et 38% des parents) "n'ont pas vu le message". De plus parmi ceux qui l'ont vu, "une infime partie" en a tiré les enseignements souhaités, selon UFC-Que Choisir.
Le ministre de la Santé a au contraire indiqué le même jour que des pré-tests réalisés par l'INPES montraient qu'"entre 90 et 98% des sondés approuvent les messages sanitaires, les jugent clairs, faciles à comprendre et faciles à retenir". Une premier bilan sera réalisé dans 6 mois.