BCG pour tous, ou pour les seuls bébés à risque: un débat non tranché
Par Annie HAUTEFEUILLE PARIS (AFP) - Le BCG reste "une vaccination théoriquement obligatoire", alors que se poursuit le débat visant à réserver ce vaccin aux enfants les plus à risques, selon un rapport parlementaire.
Sans arbitrer, ce rapport, publié mardi, invite à "ne pas baisser la garde" face à la tuberculose qui reste un problème majeur de santé publique avec de 5.500 à 8.500 nouveaux cas par an en France.
Vieille maladie lourde de nouvelles menaces avec l'apparition de souches du bacille résistantes, la tuberculose tue encore trois personnes par minute dans le monde, et touche en moyenne 9 personnes sur 100.000 en France.
Paris (35 nouveaux cas pour 100.000 habitants en 2004) et la Guyane (32 cas pour 100.000) sont les départements les plus touchés, selon l'Institut de veille sanitaire, qui relève une incidence très élevée parmi les populations migrantes.
Si le risque subsiste, le vaccin devient plus compliqué à administrer, et la nouvelle souche vaccinale est susceptible d'entraîner une réaction immunitaire plus forte, voire davantage d'effets indésirables, avait prévenu dès octobre 2005 l'Académie de médecine, invitant à envisager une modification de la politique vaccinale.
Le vaccin Monovax, facile à administrer grâce à sa bague "multipoints", a en effet cessé d'être commercialisé depuis fin 2005. Les médecins doivent maintenant pratiquer une piqûre intradermique à un bébé qu'il faut maintenir fermement. Faute de savoir bien le faire, les professionnels ont levé le pied et le taux de vaccination a
é.
A Paris, après l'arrêt du Monovax, la PMI (protection maternelle et infantile) a fait 5.700 vaccins en 2006, alors qu'elle avait acheté 49.000 doses de Monovax en 2003, 24.000 en 2004, 13.000 en 2005, avait indiqué Sylvie Larnaudie, médecin-chef du Service de vaccination de la ville, lors d'une audition parlementaire en février.
Le BCG reste "théoriquement obligatoire", mais de "moins en moins de directrices de crèche l'exigent", a déclaré mardi la sénatrice du Nord Marie-Christine Blandin, en présentant le rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Il y a "un effondrement de la vaccination" qui n'est plus pratiquée dans des "départements entiers", avait relevé en décembre le Pr Jean-Louis San Marco (Hôpital de la Timone, Marseille). Dans un rapport remis au ministère de la Santé, il préconisait de renoncer au BCG obligatoire, sauf en Guyane, tout en recommandant de "protéger dès la naissance" les nourrissons cotoyant des adultes susceptibles de les contaminer (soignants, policiers, migrants ou expatriés ayant séjourné dans un pays à forte endémie...).
En octobre 2005, l'Académie de médecine avait préconisé de réserver le vaccin aux quelque "100.000 nourrissons à très haut risque", au lieu de vacciner 750.000 enfants par an. Elle invitait parallèlement à mener une "vraie politique de lutte contre la tuberculose".
"Le choix est complexe", résume Mme Blandin, relevant les divergences. Ainsi, le Comité consultatif national d'éthique craint une discrimination (avis de juillet) tandis que la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations) considère qu'il n'y a pas de caractère discriminatoire à faire un dépistage et une vaccination ciblés.
Auditionné par les parlementaire, le ministère de la Santé a annoncé une intensification de la lutte contre la tuberculose en ciblant "les populations et zones les plus touchées", mais sans statuer sur l'obligation vaccinale.
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